...Le désir ne s'éteint pas car il est vie, il est élan de vie. Il ne peut se satisfaire des biens de ce monde car l'essence même du désir est de pointer vers de ce qui ne se possède pas.
De pointer vers ce qui nourrit pleinement l'être et le libère de ses propres limites. C'est pourquoi tenter de remplir ce vide béant que le désir accuse en soi est vain. Ce qui peut remplir l'infini est l'incommensurable plénitude d'amour. Et rien d'autre.
Il revient donc inlassablement. Toute tentative de contrôler ou même d'étouffer son désir est vouée à l'échec car le désir est racine d'amour. Il tend vers l'assouvissement tout en sachant que cet assouvissement consacrera sa disparition. Il tend vers l'impossible.
En ce sens, lorsqu'on parle d'amour on lie étroitement Éros et Thanatos, le désir et la mort de ce dernier.
La mort non pas comme une fin tragique mais comme une possibilité de renaissance tel que le symbolise l'Ouroboros, serpent dont le mythe remonte aux origines et qui désigne ce désir lové au fond de soi qui ne peut se nourrir d'autre chose que de soi...
C’est pourquoi l’amour tend vers son assouvissement et en même temps le redoute, comme la mort du désir. Et c’est ainsi qu’il y a perpétuellement dans l’amour un conflit insoluble entre le désir et le désir du désir, entre l’amour et l’amour de l’amour. Ainsi s’explique le sentiment complexe qui est propre à l’amour, mélange de souffrance et de plaisir, d’angoisse et d’exaltation.
Transcender ce conflit c'est dépasser la peur de se perdre soi-même par la force même de cet amour que l'on ressent, que l'on est, et découvrir de l'autre côté du miroir, à l'envers des principes de ce monde, que le désir est soi et donc inaltérable. Il est le Verbe créateur, l'impulsion de vie. Il est la lien étroit entre manifestant et manifesté. Il est ce vide entre l'inspir et l'expir, entre l'avant et l'après, entre les mots que j'écris et que parfois la poésie met en relief.
Toute vie est désir constant.